LHUIRE

Lhuire ? aussi Lhuires, Luÿre, Luyres (Pompée Fornier 1597)

Hameau aux confins Est-Sud-Est de la commune fait de trois parties :

 Lhuire d'en bas (la Charpine) entre la route de Jujurieux à Saint-Jérôme et le ruisseau le Riez avec son pont comportant une arche pittoresque, avec en contrebas, sur sa rive gauche le vieux lavoir récemment exhumé et nettoyé. Il existait un four, maintenant disparu, situé proche de la route qui conduit à Saint-Jérôme. Cette partie du hameau forme un ensemble correspondant aux différents bâtiments en pierre avec séchoir à bois et à noix.

 Au bord du ruisseau du Riez un pont de pierre avec une arche pittoresque qu'il enjambe.

 Au XVIIIeme siècle présence d'une scie attestée par acte notarié, à la Charpine.

(cliché Jacques Grimbot)

Lhuire d'en bas  (La Charpine)

Le four 

Intérieur du four 

     

La maison Rude

Vieux pressoir

 Lhuire d'en haut avec ses petites habitations dans la pente montante au Châtelard. Il existe encore un abreuvoir avec deux bacs successifs en partie enterrés dont un  sérieusement endommagé et un four avec un fournil ouvert au toit à deux pans couvert de tuiles creuses. Il a été restauré en 1996 à l’initiative de l’association des Amis du patrimoine de Jujurieux. Maison Rude avec pressoir sous l'auvent.

(cliché Jacques Grimbot)

Lhuire d'en haut

Le Châtelard de Lhuire

vers 1905

(cliché J.L Rude)

années 70

 Le site

Vu de Jujurieux, le Châtelard de Lhuire apparaît juché sur le dôme rocheux commandant les vallées d'accès à Saint-Jérôme et à Boyeux, à Châtillon-de-Cornelle et à Corlier. Bordée sur trois  côtés de falaises, cette colline n'est accessible que par son flanc Est, face au hameau de Lhuire, ainsi nommé peu avant la révolution.Sous l'ancien régime, le hameau situé sur la route de Boyeux, au bord du Riez était appelé "La Charpine" et Lhuire "d'en haut" s'appelait alors Trevonaz, Travonaz ou Torvonaz en 1491.

Présence certaine au début du VIIeme siècle : quatrième niveau brûlé sous le donjon, tuiles romaines sur une terrasse arrière, nécropole dite barbare avec des sépultures superposées gallo romaines ou burgondes dans le grand pré contourné par le chemin d'accès, tessons de poteries grossières de type Franc ou Burgonde.

 Histoire

Le Châtelard de Lhuire a fait très probablement partie, comme les châteaux de Châtillon-de-Cornelle et de Varey, de la seigneurie de Coligny. Celle‑ci, dont les comtes de Genève et des Dauphins héritèrent, passa au cours du long conflit delphino ‑ savoyard (fin du XIIIeme et début du XIVeme siècles), sous la domination des comtes de Savoie. Le fief avec château fut inféodé vers 1343 par Amédée VI, le Comte vert, au chevalier Hugues d'Hyères. De là, il passa successivement dans les familles de Sure, de Daniel et de Lyobard. Cette dernière famille le garda de la fin du XVeme au début du XVIIeme siècle. La famille de Montillet de Champdor posséda le Châtelard de 1649 à 1787, époque à laquelle il fut acquis par Jeanne Marie Feroussat, mère de Joseph Orsel, nouveau seigneur de Châtillon de Cornelle et de la Tour des Echelles de Jujurieux. Elle fut la dernière dame du Châtelard de Luyres.

Il semble que la partie du château en ruines à l'époque de la Révolution ait été alors incendiée. Les propriétaires furent ensuite Joseph Orsel de Châtillon, puis successivement les familles Maupetit et Orsel des Sagets, de la Tour des Echelles. Quant au récit relatif à la Dame blanche, veuve d'un seigneur du Châtelard mort au combat, que la tradition situe lors de l'invasion des Bernois au milieu du XVIeme siècle, il ne semble pas possible de faire coïncider la légende et l'histoire de ce château, mais plutôt avec celle de Varey, au temps de la conquête de la Bresse et du Bugey par les troupes de Biron.

 Description

(cliché J. Brunet)

Quelques aspects de l'édifice

Des constructions fin XIIIeme siècle ne subsistent que les parements externes du donjon et la courtine le reliant au ravin (qui recevait un système de hourds en bois à son sommet). Cette fortification originelle (épaisseur 1,45 m), faisait angle au donjon, venant du ravin nord et se prolongeait jusque sur la terrasse du côté de Jujurieux, défendue par une chemise parallèle qui, venant du ravin, vire vers le portail et traversait l'écurie par le milieu (témoin les marches d'accès à la poterne disparue). Si les murs écroulés sur le ravin et la terrasse arrière étaient des reconstructions médiocres de 1720 (épaisseur 0,55 m), le portail et la tour extérieure datent de la fin du XVeme siècle et le reste du XVIeme siècle.

Une barbacane, à vingt mètres en avant de la porte, défendait l'entrée sur la cour du château, elle‑même alors surmontée d'une échauguette. A droite de l'entrée, le mur d'enceinte (de 2m 15 d'épaisseur) barre le sommet jusqu'au ravin ; sur sa gauche, une tour, forte de six embrasures défend l'angle de la cour dite basse. La prison située dessous est qualifiée de "grotton" [taillée dans la roche ?] d’après un texte de 1640. L'enceinte sud surplombe un repli rocheux (sous lequel, à trente pas des murs, une citerne naturelle rafraîchit un mètre cube d'eau), et rejoint le poulailler (lui‑même surmonté jusqu'au XVIIIeme siècle d'une tourelle protégeant l'angle sud‑ouest des constructions).  Un bâtiment bas, face à l'entrée, est doté de deux portes (étable et écurie), la troisième, située sous le haut bâtiment à deux étages, ouvre sur la cave, creusée en partie dans la roche, et dont la voûte est renforcée d'un système d'arches original. Le bâtiment situé en avant et au‑dessus de la cave, à sa droite est le donjon, rabaissé d'un étage. Une embrasure à chaque étage, presque dans l'angle formé par les constructions, en menaçait l'attaquant, mais protégeait de même la porte d'accès à la haute‑cour, qui fermait la cour basse du donjon au mur d'enceinte. De la terrasse supérieure, d'où le regard se perd sur le ravin, on pénètre dans le château par une porte ouverte au XVIeme siècle, mais plus loin, près de l'éboulement, on distingue l'excavation dans laquelle coulissait la poutre fermant la porte du rempart original (fin du XIIIeme siècle).  Les quelques marches franchies, à droite était la "chambre de madame", avec ses latrines sur le vide ; à gauche, la prison, voûtée, qu'éclairaient avec peine deux archères, fut dotée d'une fenêtre et d'un four vers 1720. Passant sous l'élégante voûte chanfreinée du XVIeme siècle, on traverse à droite ce qui était les cuisines pour accéder à la "chambre de monsieur", éclairée par deux belles fenêtres à meneaux, avec sa grande cheminée. A gauche de l'entrée large et basse de cette "chambre", une porte étroite et haute permet de descendre à la cave par un escalier  raide et tortueux. Accédant à la terrasse arrière du château, on longe, à droite, les ruines du grand four et du potager ; sur cette terrasse s'élevait une grosse tour carrée démolie vers 1720, dans laquelle on montait par une "viorbe" (escalier fermé, en appendice externe).

 Actuellement le Châtelard de Lhuire est à nouveau habité et certaines parties sont en cours de restauration

Une visite au Châtelard de Lhuire en 1640 : un compte rendu écrit exceptionnel