L'usine de Jujurieux

Elle a été aménagée par Claude‑Joseph Bonnet, fabricant de soieries lyonnais, natif de Jujurieux (voir Personnages célèbres) à partir de 1835, en deux étapes, la première sous Louis-Philippe, suivie d’importants accroissements sous Napoléon III, mais toujours constituée par de hauts bâtiments correspondant à une mécanisation légère. Son activité principale fut d’abord la préparation des soies (filature et moulinage). Un pensionnat de plusieurs centaines de jeunes ouvrières avait été créé en l837 et se maintint durant un siècle. Elles étaient surveillées par des religieuses et avaient leur chapelle et leur aumônier. Du fait de l'introduction, dans les années 1880, des métiers mécaniques, le tissage prit peu à peu une grande place, avec ses ouvrières externes, et l’aspect de la manufacture commença à se modifier avec les toitures à sheds.

vue vers 1910 (cliché claudius Corne)   

En pleine opulence, l’usine construite sur un schéma où tout doit être fonctionnel est censée ce suffire à elle même :

 Bâtiments avec métiers mécaniques (tissage 1 & 2) et ourdissage ainsi que l’ "étouffoir" destiné à la réception des cocons des vers à soie et la préparation des fils.

 Maison directoriale dite "maison bourgeoise"

 Forge desservie par une voie métrique du tramway

 Générateurs et haute cheminée

 Ménage (accueil des internes) et lingerie

 Chapelle (voir ci dessous l’ancienne chapelle de l’usine : Espace culturel Claude-Joseph Bonnet)

 Aumônerie

 Infirmerie

 Bassin et réservoirs d’eau pour usages divers

 Statues de la vierge :

- Vierge de l’usine Bonnet: située dans l’enceinte de l’usine et près de l’entrée actuelle. Un socle de pierre est surmonté d’une colonne et d’une vierge écrasant le serpent. Elle a été inaugurée en 1862. Elle était alors au milieu d’un jardin et face au bâtiment du pensionnat industriel, dit le Ménage, et elle est restée sur place jusqu’à son déménagement, il y a quelques années.

- Une autre dans un atelier du moulinage ( il est possible qu'il s'agisse de Notre Dame de l'Espérance installée dans le clos pendant la première guerre mondiale).                                   

 Extérieurs : l’école Saint Joseph avec aussi une vierge à l'enfant en fonte.

 

On a presque constamment construit et démoli sur le site de cet établissement industriel. Il a été créé au pied d'une ancienne maison de maître existant encore, la maison bourgeoise (décrite plus haut). Cette bâtisse est flanquée, au nord, par l'ancienne maison de l'aumônerie et, en bordure de la rue, par une rangée d'habitations, dont l'emplacement était occupé, au siècle dernier, par la boulangerie et les écuries attenantes à 1'usine‑pensionnat. Aujourd’hui, une terrasse remplace l'un des deux portails d’entrée de l'usine. Cette terrasse est bordée par un bâtiment de grande hauteur appelé autrefois l'infirmerie, qui appartient à la commune de Jujurieux et comprend aujourd'hui, au rez-de-chaussée, un magasin de vente d'épicerie, en location, ainsi qu’en étage, la bibliothèque municipale, les locaux de plusieurs associations musicales et sportives hébergées par la commune, et tout en haut une salle de judo. Le bâtiment est municipal depuis 1978, et sa toiture et ses fenêtres ont été refaites depuis. C'est l'une des constructions qui datent de l'époque de Claude-Joseph Bonnet, avec le beau quadrilatère de la forge que l'on peut voir, sur la droite, depuis la terrasse, ainsi que le rez-de-chaussée de l’ancien grand bâtiment du Moulinage. Face à la forge, sur la gauche, on peut voir un monument élevé en 1887 en l'honneur du fondateur de l'établissement : un buste de Claude-Joseph Bonnet, oeuvre du sculpteur lyonnais Pagny, abrité sous le fronton néo‑classique d’un édifice dessiné par l’architecte Sainte-Marie Perrin. C'est un intéressant exemple d'architecture commémorative sur un site industriel.  Ce monument est adossé à un vaste atelier de tissage avec toiture à shed, qui appartenait  à la S.E.T.B. (Société d’exploitation des textiles Bonnet, dans la suite des Etablissements Les Petits‑Fils de C.J. Bonnet) à la cessation d’activité de l’entreprise en octobre 2001. Le tissage est lui‑même accolé à un ancien atelier de moulinage dont la partie basse était occupée jusqu’à une date récente par l'atelier d'impression sur étoffes de la maison Blanc‑Gaillard (Jujurieux impression service), et dont on aperçoit, depuis la côte Levet, la grande façade à fronton central, au midi, élevée en 1889. L’ancien bâtiment du traitement des cocons placé à l’entrée du site, sur la droite, appartenait  aussi à cette firme.  La partie ouest de l'usine comprend un autre tissage avec toiture à shed, bâti en 1892 et, plus près de la forge, l’ancienne salle des générateurs  dont la cheminée de 42 m a été démolie en 1979 ; entre les deux, s'étendent les bâtiments métalliques élevés, ces dernières années, par les Tricotages de Jujurieux, ayant appartenu à Billon frères (maille façonnée) et l'ancien Moulinage datant de 1857, mais qui a été ramené en 1941 à la hauteur de son rez-de‑chaussée où l’on peut voir encore la porte et l’architecture en pierres taillées de Villebois qui sont d’origine. Au nord, il ne reste plus rien de l'ancien Ménage, c'est‑à-dire du bâtiment du pensionnat (rasé en 1945, remplacé depuis par un entrepôt). De ce pensionnat, les souvenirs monumentaux qui subsistent, outre la Vierge sur sa colonne se trouvant aujourd’hui à l’entrée du site industriel) sont l’ancien bâtiment de l’infirmerie, le petit bâtiment  de la couture, datant de 1880, dont l’extérieur a été réparé et un dortoir aménagé pour les internes à la semaine, au-dessus de l’ancienne caisse. Enfin, à la place d’un vaste bassin, jadis réservoir d’eau, disposé entre le bâtiment de l'infirmerie et la chapelle, s’étend aujourd’hui un vaste parc de stationnement.  Le site est donc divisé aujourd’hui en plusieurs parties. Les constructions situées au centre (bureaux, ancienne caisse, salle de tissage, monument de Claude-Joseph Bonnet ainsi que le quadrilatère restauré de la forge, devenu lieu d’expositions), inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, sont la propriété de la Communauté de communes. Appartiennent au Conseil Général de l’Ain : les machines, les archives du XIXe et surtout du XXe siècle, ainsi que les collections d’objets et de soieries qui sont considérables et ont été déjà enrichies par les dons (sans parler des archives de l’ancien hôpital militaire établi, pendant la Guerre de 1914, dans le bâtiment de l’infirmerie et commandé depuis la Maison Bourgeoise). L’ancienne usine est destinée à devenir un musée sur un site industriel qui a été célèbre au XIXe et au XXe siècle et qui a fait connaître le nom de Jujurieux et du département de l’Ain au-delà de nos frontières.           Dans l’une des cours a été placée, en 2007, une œuvre de Louis Perrin, commandée par le Département. Composé de trois stèles de 1,50 à 4 m, cet ensemble de pièces mécaniques, fonte et acier, soudées entre elles, Mémoires de métal, évoque les hommes, les femmes et les enfants ayant travaillé à l’usine.  

  

L’ancienne chapelle de l’usine : l’Espace culturel Claude-Joseph Bonnet.

Ce bâtiment été édifié en 1891, après l'incendie de 1888 qui détruisit une chapelle plus ancienne, par l’architecte lyonnais Sainte‑Marie Perrin (l’auteur à Lyon, avec Pierre Bossan, de la basilique de Fourvière). Elle a accueilli plusieurs générations d’ouvrières pensionnaires  et elle est restée ouverte au culte jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale.  Le style néo-roman de l’édifice est inspiré par l’art roman provençal. L’intérieur mesure 39 m sur 14. La toiture est portée par une charpente métallique invisible et légère. La nef est élégante, les vitraux ont été malheureusement vandalisés mais le porche-baldaquin a gardé un tympan orné d’une mosaïque polychrome représentant Saint Michel, créée en 1928 par l’artiste lyonnais Georges Décote. Après avoir servi d’entrepôt, la chapelle est devenue propriété de la commune qui, sous l’impulsion de son maire actuel, l’a entièrement rénovée. C’est un exemple intéressant de reconversion d’un bâtiment destiné à l’origine à un tout autre usage. L’Espace culturel Claude-Joseph Bonnet est une salle polyvalente équipée de deux séries de sièges escamotables, dont l’une sur tribune télescopique, complétée par les annexes nécessaires.De cet ensemble ne subsiste que :

La maison bourgeoise qui n'a plus cette fonctionnalité et qui n’appartient plus à l’usine.

 Le tissage et le local attenant où était jadis l’ "étouffoir"

 La forge transformé en musée

 La chapelle récupérée par la commune et qui permet les concerts de l’harmonie et le délestage de certaines productions du festival d’Ambronay et l’ancienne infirmerie (voir Hôpital militaire N°17 pendant la guerre 14–18) devenue maison des association et sociétés de Jujurieux .

 Divers autres parties acquises par d’autres entreprises

 L’école Saint Joseph